Tonoo

Il y a plusieurs façons de réaliser un tonoo. Dans tous les cas, puisque la nature n’a pas inventé les arbres circulaires, il faut assembler plusieurs pièces de bois.

– La première façon, qui est la plus « pure » et la plus économe, mais aussi la plus technique, consiste à cintrer deux planches de bois faisant un peu plus d’un demi-cercle et de les relier pour former le cercle : on obtient un tonoo fin, solide et léger. Cette solution suppose de maîtriser la technique du cintrage, et donc de l’étuvage. Si un auto-constructeur sait faire cela, il n’a pas besoin de conseil. S’il ne sait pas, mieux vaut pour lui choisir les autres façons.

– Une autre façon est de s’inspirer de la première en utilisant un contreplaqué suffisamment fin pour pouvoir être cintré à froid et à sec. évidemment il faudra dans ce cas  contre-coller plusieurs épaisseurs jusqu’à obtention de la rigidité voulue pour la couronne.

– Enfin la façon la plus répandue consiste à contre-coller des planches de bois ou de contreplaqué en les disposant horizontalement. Il faut d’abord découper des arcs de cercles de la largeur voulue (ce qui génère beaucoup de perte), les assembler, avec ou sans tenons, pour former des « tranches » de couronne, et enfin assembler en les superposant les différentes tranches en décalant évidemment les raccords à chaque niveau. Il est conseillé d’avoir un nombre impair de niveaux ou tranches pour que les raccords soit identiques sur le dessus et sur le dessous. Une section 10/10cm fera une couronne très solide.

 

Toutes ses parties doivent être collées (colle bois extérieure ou PU) sans vis dans un premier temps, car il vaut mieux percer les trous recevant les perches avant de mettre les vis de renfort.

Sans tenon, les vis s’imposent. Avec tenons, On peut faire l’impasse si le collage est de qualité.

Dans cette technique il est préférable d’utiliser des planches bien dégauchies et rabotées avec une épaisseur parfaitement identique pour toutes les pièces d’un même niveau, pour qu’il n’y est aucun jour dans les assemblages et que la colle ne servent pas à combler les vides. Si vous n’avez pas les moyen de dégauchir et raboter, une fois votre couronne assemblée, collée et percée, renforcez-la avec des longues vis (il en faut beaucoup et ça coûte finalement cher : ça vaut la peine de trouver une petite raboteuse à prêter)

Une fois les pièces de la couronne assemblée et collée, nous chanfreinons les quatre bords pour « arrondir » la section de la couronne : ça enlève objectivement de la matière, donc du poids, et surtout ça affine visuellement la couronne sans réduire sérieusement sa solidité.

 

Pour cela le mieux est d’utiliser une grosse défonceuse avec la plus grosse fraise à chanfreiner que vous trouverez, mais si vous n’êtes pas outillé, pour les bords extérieurs une raboteuse à main fonctionne bien. Sinon, vous pouvez aussi utiliser une scie sabre, mais le résultat sera assez dégueu.

Percements :

Pour le percement des trous recevant les perches, faut-il préférer la section ronde ou carrée? la section carrée est pertinente lorsqu’on a des perches volontairement cintrées : cela évite qu’elles ne tournent. Par contre lorsque les perches sont droites, il faut au contraire pouvoir les tourner à volonté car dans le temps elles peuvent flamber sous leur propre poids et il est alors intéressant de pouvoir les retourner pour que la partie bombée soit vers le haut.

Pour les percement rond, utiliser une perceuse puissante, car faire de nombreux trous d’environ 35mm dans du bois dur demande une certaine endurance pour la machine. Le plus pratique est de poser la couronne en diagonal, à l’envers, un côté posé au sol, l’autre sur le support d’une perceuse sur colonne : il faut adapter le montage de manière à ce que l’angle d’attaque de la perceuse sur la couronne corresponde à l’angle du toit de la yourte.

Sinon on découpe dans une planche un triangle ayant l’angle voulu, on pose la couronne à plat à l’envers et on perce à la main en visant à la fois le centre de la couronne et en respectant l’angle indiqué par le triangle de bois disposé juste à côté.

On peut utiliser une mèche plate ou une scie cloche à métal, mais le mieux est la mèche Forstner. L’avantage de la mèche plate est qu’elle se réaffute facilement avec une petite meule. Une mèche de 35mm est un bon compromis.

Attention dans tous les cas à utiliser une butée qui vous assure que la profondeur de chaque trou est identique : régularité des trous, régularité des perches, facilité de montage.

On peut finalement chanfreiner les bords des trous avec un petit quart de rond et une petite défonceuse.

Couleur Yourte: atelier: tonoo DSC08090On peut se tromper d’angle de quelques degrés, car les perches ont assez de souplesse pour cette marge d’erreur. Par contre il est important que les bouts de perches ne flottent pas dans leurs trous respectifs : si une majorité de perches flottent, la couronne va se vriller, les perches ne seront plus centrées sur le centre de la yourte, et la couronne va s’abaisser en vrillant : le montage sera difficile et le résultat tordu. (voir l’image ci-dessous)

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Le toit de la couronne :

Appelons ainsi les lattes courbes disposées au-dessus de la couronne et servant à maintenir la forme concave du chapeau. Ces lattes participent-elles de la solidité de la couronnes? quelle forme faut-il leur donner?

Pour la forme, c’est l’esthétique et le goût de chacun qui compte, le tout étant que lorsque le chapeau est disposé sur la couronne il n’y ait pas de poches qui se forment dans lesquels l’eau de pluie pourrait stagner.

Pour la solidité, tout dépend de la couronne : si celle-ci est solidement réalisée en section 10/10cm avec des planches dégauchies, rabotées et collées à la PU ou à la colle blanche D3, les lattes de toit n’ont rien à faire dans la solidité de la couronne : elles peuvent donc être légères et déboitables. Si par contre la couronne est réalisée en fines planches cintrées (1ère façon indiquée dans l’article), il est bon que ces lattes viennent en renfort et soient donc rigides et bien encastrée dans la couronne. (Personnellement j’utilise des petits bambous que j’opposent deux à deux pour compenser le fait que la conicité du bambou génère un cintrage ellipsoïdal : si vous pliez un bambou, vous verrez que la courbe ne forme pas un arc de cercle mais un arc d’ellipse ; si vous prenez dans vos mains deux bambous accolés et inversés l’un par rapport à l’autre, vous retrouvez une courbe symétrique, donc un arc de cercle.)